Réforme des moins de 12 ans : quels moyens pour quels enjeux ?

La FFT engage depuis la rentrée 2014 une réforme de fond concernant les jeunes licenciés de moins de 12 ans.
En 2011 et 2013, le nombre de licenciés au tennis a diminué. Une baisse qui concerne aussi bien les jeunes que les moins jeunes. Face à ce constat, la Fédération Française de Tennis a souhaité réagir ; un constat qui, s’il n’est pas alarmant, appelle cependant à s’interroger sur la politique menée par les instances du tennis et les clubs notamment auprès des jeunes. Conscients de cela, les hautes instances du tennis français ont lancé il y a maintenant quelques mois une grande réforme dite « des moins de 12 ans ». Retour en analyses sur ce programme ambitieux.
Quels sont les objectifs de cette réforme ?
Les idées fortes de ce projet sont de faire adhérer de façon plus pérenne les jeunes souhaitant se lancer dans la pratique du tennis et de former davantage de compétiteurs. La FFT se concentre donc sur les enfants avec pour objectif une incitation plus forte au jeu, à la mise en opposition avec l’autre dans un esprit de compétition et l’organisation de matchs à la fois ludiques et formateurs au sein des écoles de tennis. Cette réforme des moins de 12 ans apparaît donc aussi comme une révision profonde de l’école de tennis dans son fonctionnement actuel. Car si les progrès individuels dans la pratique du tennis – source d’adhésion – dépendent de la motivation du jeune, ils sont également liés à la qualité des enseignements délivrés et la pédagogie mise en place. Afin de concrétiser ce projet plein d’ambition, la fédération axe sa réforme sur trois piliers : l’école de tennis, la compétition et le classement.
Créer une « nouvelle » école de tennis
Derrière cette expression se cache la volonté de lier de façon plus directe et plus imbriquée l’apprentissage (tant technique que tactique) et les situations de jeu. En effet, il est aisé de constater que les situations d’opposition avec un autre joueur sont les plus favorables à une mise en application des coups appris durant l’entrainement. Or, constat a été fait que ces liens étaient trop distants, pour des enfants désireux, qui plus est, de jouer un maximum.
Pour favoriser les situations d’opposition (et donc de jeu) chez les plus jeunes, la réforme propose de créer de nouvelles catégories de terrains (chaque catégorie représentant un type de balle et une longueur de raquette), différents en terme de longueur mais aussi de hauteur de filet (ce dernier pouvant simplement être matérialisé dans le cas des plus jeunes). Ces nouveaux terrains doivent permettre d’éviter chez les plus jeunes certaines frustrations pouvant naturellement exister, notamment à un âge où l’échange est parfois difficile à mettre en place.
Organiser des journées « jeu et matchs » à certaines périodes de l’année, voici un autre volet de cette réforme. L’idée ? Offrir la possibilité aux jeunes de jouer des matchs tout en permettant à l’enseignant d’évaluer ses élèves, dans des situations propices d’opposition avec un autre joueur : aspects techniques, tactiques, comportementaux et d’arbitrage. Cet aspect de la réforme va là encore dans le sens d’une liaison plus intime entre situations d’apprentissage et situations de matchs, permettant au licencié comme à l’enseignant d’y trouver son compte. Ces journées seront par ailleurs pleinement intégrées dans les séances d’entrainement programmées en début d’année. Durant ces journées particulières, une attention sera portée sur l’évaluation de l’enfant, ses acquis et les critères à valider pour passer au niveau suivant, à travers des fiches et grilles d’évaluation. L’enfant se verra par ailleurs délivrer un « passeport », également accessible à l’enseignant et attestant de la progression engagée par le jeune joueur ou la jeune joueuse. Ce passeport devra être gardé par le licencié tout au long de sa progression pour l’amener, en fin de parcours, à jouer des matchs homologués. Il s’agit là encore d’entretenir une dynamique, un cercle vertueux pour l’enfant qui verra ainsi sa motivation maintenue voire accentuée.
Pour aider l’enseignant mais aussi l’enfant à identifier le niveau de jeu approprié, ce dernier pourra se voir remettre un « poignet éponge » de la couleur correspondant à ce niveau (et donc au terrain). A travers l’objectif premier de fidélisation dont nous avons parlé au début, l’enfant pourra ici s’identifier à son champion mais aussi au terrain reflétant son niveau de jeu, susceptible là encore de créer une dynamique positive chez le jeune. A travers cette démarche, l’enseignant joue un rôle évidemment important et aura pour responsabilité de valider sur les passeports les acquis des enfants à l’issue de chaque journée et de reporter ces éléments informatiquement sur la plateforme ADOC (outil d’Aide au Développement et à l’Organisation des Clubs). Le but étant ici d’impliquer pleinement l’enseignant dans l’analyse des progrès réalisés par ses élèves.
La compétition : un enjeu majeur
Afin de respecter les stades d’apprentissage des enfants, les compétitions 8, 9 et 10 ans seront organisées à âge réel et non en fonction de tranches d’âge. Autrement dit, ce sont les dates d’anniversaire du jeune compétiteur et de début de compétition à laquelle il souhaite participer qui seront prises en compte afin d’évaluer la possibilité pour ce dernier de jouer dans telle ou telle catégorie d’âge. Par exemple, un enfant né le 4 février 2006 souhaite participer à une compétition 8 ans se déroulant du 1er au 5 février 2015. Il pourra y participer même si il fêtera ses 9 ans avant la fin de la compétition. A partir de 11 ans, le système classique de compétition par catégorie d’âge reprendra ses droits. Un fichier sera mis à disposition des enseignants, leur permettant d’identifier précisément à quelle compétition le jeune licencié peut participer.
Autre point de la réforme concernant ce volet «compétition » : pour permettre aux parents de mieux s’organiser et de connaître avec précision la durée d’une compétition à laquelle participe leur enfant, la FFT propose de remplacer le système classique de convocations « ponctuelles » aux matchs, par des plages déterminées à l’avance (pouvant aller d’une demi-heure à trois jours maximum).
Afin de varier les situations de jeu, seront proposés des matchs de durée plus courte ainsi que des mises en situations variées : doubles, arbitrage, animation, etc. Cette nouvelle manière d’occuper le temps de l’enfant doit permettre d’atténuer sa frustration en jouant plus de matchs mais aussi de capter davantage son attention.
Enfin, les clubs insisteront sur un apprentissage pas à pas de la compétition, au travers différents moyens : journées « Jeu & Matchs » additionnelles à celles organisées à l’école de tennis (par exemple durant les congés scolaires), compétitions pédagogiques organisées en interne ou entre clubs (sur le modèle des journées « Jeu & Matchs », par exemple), des compétitions homologuées prenant en considération l’âge réel et le niveau de l’enfant, pour terminer enfin sur une entrée dans la compétition « classique » à partir de 11 ans.
Le classement : une hiérarchisation « spéciale jeunes »
Avant d’atteindre l’âge de 11 ans, tous les enfants licenciés se verront attribuer un classement en fonction de leur niveau de jeu. Ce niveau de jeu – qui peut être blanc, violet ou rouge – sera déterminé en fonction de l’âge de l’enfant. Bien entendu, selon les progrès qu’il réalise durant l’année, le jeune licencié pourra être autorisé à passer au niveau supérieur, laissant ainsi une certaine souplesse indispensable pour s’adapter au rythme d’apprentissage de chaque enfant. L’objet principal de ce nouveau classement est d’offrir aux jeunes les moyens de s’évaluer soi-même et d’éviter de se comparer trop souvent à l’autre. Il est important d’ajouter qu’à travers l’établissement de ce classement, les matchs de simples auront autant de valeur que les doubles. Le jour de ses 11 ans, le licencié basculera dans le système du classement fédéral par le biais d’équivalences établies par la DTN et la direction de la compétition.